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Blessure de rejet : comment la reconnaître et s'en libérer ?



Il y a des douleurs qui ne font pas de bruit. Des ressentis silencieux qui s’installent dès l’enfance et sculptent, sans qu’on s’en aperçoive, la manière dont on entre en lien avec le monde. La blessure de rejet est de celles-là : invisible, insidieuse, mais profondément agissante. Elle affecte l’estime de soi, colore les relations, isole parfois… et surtout, elle se rejoue, encore et encore, dans nos liens les plus précieux.


Cet article s’adresse à celles et ceux qui sentent, confusément ou clairement, qu’il y a "quelque chose" qui fait mal depuis longtemps. À ceux pour qui l’envie de disparaître surgit face au moindre conflit, à ceux qui s’excusent d’exister ou cherchent sans cesse à prouver leur valeur. Peut-être te reconnaîtras-tu ici. Peut-être pas tout à fait. Laisse-toi juste traverser par les mots.


Une sensation d'être "de trop", sans raison apparente


La blessure de rejet ne se manifeste pas toujours de façon spectaculaire. Elle peut s’exprimer dans un regard évité, une parole banale qui devient coup de poignard, ou ce silence que l’on interprète comme une mise à l’écart. Très souvent, ce vécu s’accompagne d’une honte sourde, difficile à nommer, comme si le simple fait d’exister dérangeait.


Ce que l’on retrouve souvent chez les personnes touchées par cette blessure, c’est une tendance à l’effacement : elles se mettent en retrait avant même d’être rejetées. Mieux vaut disparaître que de ressentir, encore, cette douleur. Elles peuvent aussi développer une hyperadaptation : être parfait·e, agréable, performant·e, pour éviter d’être mis·e à l’écart.

Il ne s'agit pas d'une fragilité de caractère. Il s'agit d'une tentative – souvent inconsciente – de survivre à une douleur précoce.


En Gestalt-thérapie, nous appelons cela une "stratégie de contact figée" : un ajustement créateur devenu rigide, qui limite la capacité à vivre des relations nourrissantes.


Quand le lien fait peur autant qu’il est désiré


Vivre avec une blessure de rejet, c’est souvent osciller entre deux pôles contradictoires : un profond besoin de lien et une peur immense d’être blessé·e à nouveau. Ce paradoxe peut amener à des comportements d’évitement, de dépendance affective ou de retrait. On veut être aimé·e, mais on craint de ne pas être "suffisamment" bien. Alors on contrôle, on anticipe, on se protège.

rejeté du groupe ou mise en retrait
rejeté du groupe ou mise en retrait ?

Une personne en thérapie me partageait un jour combien il lui était difficile de s’engager pleinement dans une relation amicale : "Je préfère partir avant qu’on ne me laisse." Derrière cette phrase, on entend la trace de l’enfant intérieur encore figé dans une expérience ancienne. Ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est une mémoire émotionnelle non digérée.


Ce type de fonctionnement, aussi douloureux soit-il, peut évoluer. Mais cela demande du temps, de la présence à soi, et un espace suffisamment sécurisant pour oser, pas à pas, s’approcher du lien sans s’y perdre.


Ce vide intérieur qui cherche à se remplir


La blessure de rejet génère souvent une faille narcissique : un manque de reconnaissance fondamental, comme si le regard de l’autre n’avait jamais validé l’existence. Cela peut entraîner une quête perpétuelle de valorisation, ou au contraire un sentiment d’indignité permanent.


Le danger, ici, est de se perdre dans des comportements compulsifs (relations, travail, performance) pour tenter de combler ce vide. Mais tant que l’on cherche à l’extérieur une validation que l’on ne se donne pas à l’intérieur, la souffrance demeure.


En Gestalt-thérapie, nous n’essayons pas de "réparer" la personne. Nous l’accompagnons à rencontrer, dans l’instant présent, ses zones blessées. À restaurer un contact vivant avec ce qui a été figé. Cela passe par le corps, les émotions, la parole, la relation. Et surtout : par un accueil inconditionnel de ce qui est.


Des premières pistes pour apaiser la blessure de rejet


Il est possible de commencer à apaiser la blessure, même sans accompagnement immédiat. Voici quelques repères, simples mais puissants s’ils sont vécus avec régularité et douceur.


  • Nommer les ressentis : quand une sensation d’exclusion surgit, la reconnaître à voix haute (ou par écrit) peut déjà créer un espace intérieur. "Je me sens rejeté·e, mis·e à l’écart." Cela ne la supprime pas, mais cela évite qu’elle devienne vérité absolue.


  • Observer le filtre : la blessure agit comme une paire de lunettes. Tente de remarquer quand tu interprètes un geste neutre comme un rejet personnel. Ce n’est pas ton tort. C’est une mémoire qui parle. Mais tu peux, doucement, apprendre à distinguer ce qui vient du passé de ce qui se passe ici et maintenant.


  • Expérimenter la présence à soi : des pratiques simples comme la respiration consciente, l’auto-empathie (poser une main sur le cœur, respirer dans la sensation), peuvent aider à habiter le corps et créer un ancrage en soi, moins dépendant du regard de l’autre.


  • Prendre soin de ton environnement relationnel : certains liens sont nourrissants, d’autres réactivent la blessure. Se rapprocher de personnes qui accueillent qui tu es, sans condition, peut faire une grande différence.


    Bien sur, ces pistes ne remplacent pas une thérapie, mais elles peuvent déjà ouvrir un chemin de réconciliation intérieure.


Comment la Gestalt-thérapie permet de transformer la blessure de rejet


Face à une blessure de rejet, la Gestalt offre un espace de réintégration. Le thérapeute devient un témoin actif, un soutien sécurisant dans lequel le·la patient·e peut expérimenter une autre qualité de lien. Le "contact thérapeutique" devient le terrain d’un nouveau possible : être vu·e, accueilli·e, même dans ses parts les plus vulnérables.


Des outils comme le travail sur les polarités, l’amplification corporelle... favorisent l’émergence d’une conscience élargie de soi. Peu à peu, la personne redéploie sa capacité à être en lien sans se trahir, à poser ses limites, à reconnaître sa valeur indépendamment du regard d’autrui.


Ce n’est pas un chemin linéaire. Il comporte des résistances, des allers-retours, des zones d’ombre. Mais il est profondément transformateur. Et surtout, il respecte le rythme de chacun·e.


Et si cette blessure n'était pas une fatalité ?


J'existe
Le cri de la blessure

Il y a quelque chose de profondément apaisant à reconnaître que ce que l’on vit a un sens. Que notre façon d’agir, même si elle nous fait souffrir, a été une tentative intelligente de protection. La Gestalt-thérapie n’efface pas le passé. Elle permet de le digérer, de le traverser autrement, pour que le présent devienne un lieu d’expériences neuves.


Si tu te reconnais dans ces mots, peut-être que c’est le bon moment pour envisager un accompagnement. Il ne s’agit pas de "changer" qui tu es, mais de t’offrir la possibilité de te rencontrer autrement. Avec douceur. Avec soutien. Et avec l’élan, peut-être, de redécouvrir le lien… autrement.


Rémy GARRIDO Gestalt thérapie à Cornebarrieu (31) également disponible en visio

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