Solitude intérieure : un chemin vers plus de lien
- remygarrido
- 9 avr.
- 4 min de lecture

La solitude est une expérience universelle. Nous y sommes tous confrontés, à différents moments de notre vie, parfois même au cœur d’une relation, d’une famille ou d’un bureau animé. Ce paradoxe peut sembler étrange : comment peut-on se sentir seul alors qu’on n’est pas physiquement isolé ? Si vous vous posez cette question, vous n’êtes pas seul.
Et cette sensation persistante d’être en marge, invisible ou incompris peut devenir une souffrance profonde. Notre cerveau est câblé pour le lien. Ce besoin d’appartenance est un héritage ancestral : dans les temps anciens, être exclu du groupe équivalait à une mise en danger. Aujourd’hui, même si notre survie physique n’est plus menacée, l’expérience émotionnelle d’être seul reste douloureuse. Cette souffrance active dans notre cerveau les mêmes zones que la douleur physique. Elle n’est donc ni exagérée, ni « dans la tête ».
Quand la solitude devient un poids : reconnaître la souffrance
Il y a des moments où l’on ne sait plus trop si l’on est triste parce qu’on est seul, ou seul parce qu’on est triste. Ce cercle peut devenir infernal. La solitude, surtout quand elle se prolonge, ne se contente pas de nous isoler : elle altère la perception que nous avons de nous-mêmes. Peu à peu, elle ronge l’estime de soi, elle fait naître des pensées automatiques du type "personne ne me comprend", "je n’ai rien d’intéressant à dire".
En Gestalt-thérapie, on parle souvent de figure et de fond : ce qui capte l’attention devient la figure, tandis que le reste reste en arrière-plan. Lorsqu’on est en souffrance, la solitude devient la figure omniprésente. Elle prend toute la place. Et le fond, qui pourrait être fait de relations, de désirs, d’élans de vie, devient flou.
La difficulté, c’est qu’on finit parfois par s’identifier à cette solitude : "je suis seul" devient "je suis quelqu’un de seul". L’état devient une identité. Et cette confusion alimente l’isolement.
Les mécanismes qui entretiennent l’isolement
Ce n’est pas toujours visible, mais la solitude entretient souvent des stratégies d’évitement. Elles sont subtiles. Cela peut être ce petit retrait dans une conversation, ce message qu’on n’envoie pas, cette invitation qu’on ne relance pas. Par peur du rejet, de la gêne, ou simplement parce qu’on pense ne pas être « à la hauteur », on s’empêche d’aller vers l’autre. Et l’on se convainc que c’est plus simple ainsi.
Ces stratégies sont souvent inconscientes. Une personne que j’ai accompagnée en thérapie me confiait s’être « habituée à être seule », comme si cela devenait une zone de confort. Mais derrière cette adaptation, il y avait une immense hypersensibilité au regard des autres, et une peur d’être blessée encore une fois.
En Gestalt, nous observons ces processus de contact : comment j’entre en lien, comment je me retire, comment je me coupe du monde sans même m’en rendre compte. Nommer ces mouvements, les expérimenter dans un cadre thérapeutique sécurisant, permet de retrouver une liberté de choix dans la relation.
Des gestes simples pour apaiser la solitude dès aujourd’hui
Si la solitude est là, pesante ou diffuse, il existe des petits pas pour ne pas la laisser tout envahir. Voici quelques pistes concrètes, à explorer doucement, à votre rythme :
Revenir au corps : la solitude enferme dans le mental. Un simple retour à la respiration, au contact des pieds avec le sol, peut créer une sensation d’ancrage. C’est une première forme de lien : avec soi-même.
Nommer ce que l’on ressent : écrire chaque jour, même quelques lignes, permet de donner une forme à l’invisible. Cela clarifie, allège parfois. Cela prépare aussi un possible partage avec quelqu’un.
Créer un contact, même minime : un sourire échangé avec un voisin, un message envoyé à une connaissance oubliée, une activité partagée en ligne… Ce ne sont pas de grandes résolutions, mais des gestes qui restaurent doucement le mouvement relationnel.
Identifier un besoin : ai-je besoin de présence, de reconnaissance, d’écoute ? Nommer le besoin, c’est déjà commencer à en prendre soin.
Ces petites actions, si elles sont répétées, peuvent fragiliser la carapace de l’isolement. Elles ne suffisent pas toujours, bien sûr. Mais elles amorcent un mouvement.
La Gestalt-thérapie : une rencontre pour se sentir à nouveau vivant
Ce que propose la Gestalt, ce n’est pas de « remplir » la solitude par des conseils ou des recettes. C’est d’aller à la rencontre de soi dans cette solitude. Et, à travers la relation thérapeutique, d’explorer les manières uniques que chacun a de créer du lien – ou de l’éviter.
Dans l’espace thérapeutique, la relation entre le thérapeute et la personne devient un laboratoire vivant : on observe ensemble ce qui se passe quand je suis face à l’autre. Ce que je ressens, ce que je retiens, ce que je fuis. On explore les figures qui émergent dans l’instant présent, on les accueille sans jugement. Cette attention au « comment » plutôt qu’au « pourquoi » permet des prises de conscience profondes.

Et peu à peu, la personne se remet en mouvement. Non pas pour s’adapter à des normes sociales, mais pour retrouver sa propre manière d’être en lien. C’est un travail qui peut avoir des résonances puissantes, notamment quand la solitude est liée à une relation toxique passée, ou à une dépendance affective ancienne.
En Gestalt, il n’y a pas de promesse de solution miracle. Il y a une co-construction, une présence stable et soutenante, qui permet de recontacter ses appuis internes. Pour que la solitude, si elle revient un jour, ne soit plus une ennemie, mais une compagne passagère.
Conclusion : la solitude n’est pas une fatalité
Il est possible de transformer la solitude en espace de recentrage, puis en tremplin pour se remettre en lien. Cela demande du temps, de la douceur, et parfois un accompagnement bienveillant.
Si vous sentez que votre solitude est devenue lourde à porter, que vous tournez en rond sans savoir par où commencer, peut-être est-il temps d’en parler. Un espace thérapeutique peut offrir cet accueil sans attente, sans pression.
Et rappelez-vous : même si aujourd’hui vous vous sentez seul.e, vous n’êtes pas seul.e à ressentir cela. D’autres ont marché ce chemin. Il est possible, petit à petit, de se sentir à nouveau vivant, relié, et profondément en lien avec soi et les autres.
Rémy GARRIDO
Gestalt thérapie à Cornebarrieu (31)
également disponible en visio
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